Des complémentaires santé plus chers en 2022 !
Olivier Véran, ministre de la Santé et Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes publics ont beau avoir demandé un gel du prix des complémentaires santé, les Français vont sans doute devoir mettre la main à la poche dès le début de l’année 2022. En effet, tandis que l’Organisme d’Assurance Maladie Complémentaire (OCAM) explique cette hausse par un rattrapage des dépenses de santé post-Covid, la Mutualité française (FNMF) décrit quant à elle cette injonction comme étant tout simplement « déconnectée de la réalité des dépenses de santé ».
Des positions pour le moins déconcertantes lorsqu’on sait que les organismes complémentaires ont fait de telles économies durant la pandémie, qu’elles ont été appelées à contribuer à hauteur de 1,5 milliard d’euros en guise de compensation des profits réalisés pendant cette période… Contribution qui n’aurait pas dû être répercutée sur les primes de santé des assurés en 2021. De leur côté, les deux ministres jouent le tout pour le tout en demandent aux complémentaires « qu’elles restituent ces économies à leurs adhérents par une stabilisation des tarifs en 2022 par rapport à 2021 ».
Des mutuelles et complémentaires santé encore plus cher pour les Français en 2022
Dans son article intitulé « Complémentaires santé Plus de 4 % d’inflation en 2021 » UFC Que Choisir explique qu’ « À l’issue d’un appel à témoignage visant à recueillir des avis d’échéance de complémentaires santé pour 2020 et 2021, l’UFC-Que Choisir a pu étudier 623 contrats individuels, provenant de 123 organismes complémentaires différents. Leur analyse permet de mettre en évidence une inflation médiane des assurances santé de 4,3 % en 2021, soit trois fois plus que l’augmentation du pouvoir d’achat des Français espérée cette année, et qui poursuit tristement les hausses massives de cotisations de ces dernières années (respectivement 4 % et 5 % en 2019 et 2020). Cette augmentation pèse lourd, en période de crise, sur le budget des ménages, puisqu’elle correspond à un surcoût annuel médian de 79 euros, qui dépasse même les 200 euros pour près d’un assuré sur cinq. »
L’évolution des prix des assurances complémentaires santé en France
Quelles sont les augmentations de prix prévues ?
Alors que selon les deux ministres, « une hausse des tarifs des complémentaires santé ne serait en effet pas justifiée et ne pourrait pas être comprise », « le solde d’économies engrangées en 2020 par les complémentaires santé est supérieur à 500 millions d’euros, en sus de la contribution de 1,5 milliard », les chiffres publiés dans différents médias ne vont pas dans le même sens. En effet, les séniors devraient ajouter 12 euros supplémentaires par an pour une facture moyenne s’élevant à 2 883 euros pour un couple. Ce chiffre devrait bondir dans certaines régions, pour dépasser les 3000 euros, notamment en région Paca, à Paris, dans le Nord et en Corse.
La réalité des faits mis en avant par les organismes de complémentaire santé
Si les dépenses de santé ont chuté en 2020, les mutuelles et plus précisément Mutualité française, leur organisme représentatif, explique que les dépenses ont de nouveau augmenté une fois le pire de l’épidémie passée avec le remboursement de soins de plus en plus chers, une population vieillissante, l’amplification de maladies chroniques. Selon Éric Chenut, président de la FNMF « Pour 2021, nous notons un report de soins extrêmement important, de plus de 340 millions d’euros, et un impact de 140 millions d’euros de la réforme 100 % santé ». S’ajoute à cela un supplément de dépenses de 280 millions d’euros pour les mutuelles entre 2020 et 2021.
Et pour cause, la Mutualité rappelle que les mutuelles n’ont pas réalisé d’économies dans le cadre de la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 : ainsi, elle estime. Dans le détail, en 2020, elles ont réalisé des économies de l’ordre de 230 millions d’euros ; toutefois en raison d’un rattrapage de soins en 2021 et des remboursements au titre du 100 % Santé (+ 958 millions d’euros pour les soins dentaires et + 278 millions d’euros pour les soins auditifs par rapport à 2019), la hausse des dépenses en 2021 pourrait se chiffrer à 530 millions d’euros.
Autre son de cloche du côté de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), selon laquelle les dépenses de santé ont augmenté de 0,4 % seulement en 2020 (contre une moyenne de 2,3 % entre 2010 et 2019). Quant au gouvernement, les organismes complémentaires ont économisé plus de 500 millions d’euros en 2020. La Mutualité française n’a pas manqué de s’exprimer sur ces chiffres, qu’elle qualifie de « fausses informations véhiculées dans le débat public à l’encontre des mutuelles ».
Le contexte est donc particulièrement tendu entre le gouvernement et les prestataires de santé privés. Entre les deux, les consommateurs, qui vont sans aucun doute devoir aménager leur budget afin de continuer à être remboursés en cas de dépenses de santé. Point sur lequel Éric Chenut n’a pas manqué de réagir : « En France, les contrats santé sont taxés à hauteur de 15 % : comment se fait-il que la santé, bien essentiel, soit trois fois plus taxée que le hamburger ? », « sur 100 € de cotisation, 15 € sont reversés à l’État sous forme de taxes » et de poursuivre « si le gouvernement veut rendre du pouvoir d’achat aux Français, il a le moyen de le faire par un allègement de ces taxes sur leur couverture santé ».
Après l’angoisse liée à la pandémie de Covid-19, à la vaccination, au pass sanitaire, l’année 2021 se termine donc sur une note amère pour les consommateurs qui doivent d’ores et déjà se préparer à payer encore plus cher leur complémentaire santé, à moins, bien entendu, de trouver « la perle rare » qui leur permettre d’obtenir une bonne couverture et à prix raisonnable !
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